La villa de la rose

Décembre 2018



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais de visites de lieux abandonnés.

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Deuxième tentative et cette fois c'est la bonne. Josh est dans mon équipe pour visiter avec moi ce lieu que j'ai repéré depuis plusieurs années. Son état d'abandon m'a d'ailleurs été confirmé par une lectrice du site. Merci Audrey !

Je l'ai tenté il y a une petite année avec le poto Bruno, sans trop de conviction, car j'ai toujours des scrupules à effrayer un propriétaire qui n'entretiendrait pas son domicile. Ici, l'herbe est haute, mais pas trop. Le lieu est fatigué, mais pas trop. Le portail est usagé, mais pas trop non plus. Pour résumer : peut être que c'est abandonné, mais on ne sait pas trop.

Il faut souligner que sa façade magnifique attire l’œil et que le lieu est visible depuis quasiment tout ce quartier huppé labellisé "voisins vigilants". Une partie de moi se disait que voyant comme cela, le lieu aurait déjà été visité et aurait tourné parmi les explorateurs du coin s'il était abandonné. Mais une autre me disait qu'il fallait quand même jeter un œil pour en avoir le cœur net ! Deuxième passage aujourd'hui.

Comme d'habitude, l'accès au domaine n'est pas bien compliqué si l'on se montre un peu acrobate et discret. Petit à petit, derrière une végétation assez dense, nous pouvons apercevoir la villa. Autant la façade qui donne sur la rue est superbe avec ses finitions bourgeoises et sa tour, autant les côtés qui donnent sur le domaine n'ont pas été ouvragés et font un peu peine à voir. Elle a aussi l'air minuscule, alors que de face, elle parait monumentale. Il en résulte ainsi quelque chose de totalement quelconque à grand renfort de fausses fenêtres pour donner un effet de symétrie. Le propriétaire savait gérer les priorités !



Comme à l’accoutumée, nous restons sur nos gardes. L'accès n'est pas forcément évident mais après un peu de contorsions nous voici à l'intérieur de cette grande et belle villa. Merci à la nature d'avoir fait de nous des gens fins. Le lieu est quasiment vide mais son architecture intérieure est pleine de charme. Par contre, pour une raison indéterminée je trouve le lieu très glauque et ne m'y sens pas à l'aise du tout. C'est très rare que cela m'arrive mais je vais passer la visite à être un peu angoissé ressentant une espèce de tension permanente dans l'air. Et non, je ne crois pas aux esprits et autres Poltergeist. Je mets plutôt cela sur la somme de plusieurs petits détails : c'est très silencieux, tous les volets sont fermés, c'est poussiéreux, les couleurs sont ternes et le lieu n'est absolument pas dégradé. Point positif toutefois, je n'ai jamais vu de photos de ce lieu, et on a donc le sentiment de découvrir cette adresse et de fouler le terrain !

Pour moi, le vrai atout de ce lieu réside au niveau de la cage d'escalier et des pièces du rez-de-chaussée. On ajoutera aussi le sommet de la tourelle, plutôt sympa. Avant de prendre des photos, nous décidons de faire le tour pour confirmer qu'il n'y a personne et commençons en toute logique à shooter au dernier étage.





Tout est plutôt vide hormis quelques meubles qui contiennent beaucoup de photos et du papier à en-tête avec l'adresse de la villa et le nom de l'ancien propriétaire. M'est avis qu'il devait donc probablement être photographe. Ainsi, dans le grenier on peut par exemple mettre la main sur un portrait. En temps normal j'aurais dit qu'il aurait pu s'agir du proprio mais rien n'est sûr ici.



Mon collègue prend un temps fou à photographier le lieu car il est du genre appliqué, tandis que moi je fais plutôt ça rapidement. Je décide d'aller faire un petit tour au sommet de la villa, dans la tour que l'on aperçoit depuis la façade qui donne sur la rue.





Classieux, non ? La lumière qui se reflète sur les tuiles apporte de jolies couleurs. Je descends.





Le premier étage a quand même plus de gueule. Je trouve néanmoins un détail émouvant : il y a un monte-escalier du rez-de-chaussée au premier étage mais rien pour le deuxième. Ainsi, je me dis qu'à la fin de sa vie, la personne âgée qui habitait les lieux se trouvait limitée dans sa propre maison. Ça me fait mal au cœur pour lui, honnêtement, de savoir qu'il déclinait au point de ne plus avoir sa liberté de mouvements chez lui.
Les décorations des cheminées ont été récupérées, ainsi, pas plus de traces anciennes (si ce n'est encore et toujours des photos éparpillées).








Mais je suis vraiment sous le charme de cette cage d'escalier immense qui tranche avec l'étroitesse de certaines pièces. Si j'ai bon, je crois qu'elle est en voûte sarrasine.





Et enfin, le rez-de-chaussée ! Pour une raison très mystérieuse, la cuisine est entièrement équipée et possède absolument tout. Bon par contre, entre formica, lambris et papier peint à fleurs, on fait un véritable voyage dans les tréfonds du vintage.



Au rez-de-chaussée, donc, deux magnifiques salons identiques séparés par le couloir de la porte d'entrée. Ils ne sont pas évidents à prendre car impossible d'avoir la rosace avec la cheminée compte tenu de la configuration et la taille du lieu. Comme les deux sont identiques, je mets qu'une seule photo. C'est pas que je suis payé à l'image, mais quand même.





Un dernier regard sur cette magnifique cage d'escalier et je descends rapidement à la cave pendant que mon acolyte est toujours en train de prendre le temps de shooter avec attention. Mais qu'il est lent, j'ai même peur qu'il se transforme en tortue à force (oui, il y a une référence) ! Faut dire que quand on voit la qualité de son boulot, on comprend que le temps et l'application sont indispensables pour faire du propre.



La cave est plutôt vide mais comprend une pièce d'eau, avec une douche et surtout plusieurs établis. D'ailleurs, j'adore voir des établis dans des maisons désaffectées. Je m'imagine toujours la personne âgée en train de tracer méticuleusement le contour de ses outils pour les ranger.





Visite terminée pour moi. Je décide d'attendre mon collègue dehors car comme dit plus haut, je ne me sentais vraiment pas bien à l'intérieur de la villa.

J'attends à présent seul dans le jardin. Comme il est situé dans une côte, ça devait être périlleux si l'on avait une famille. Il y a presque une petite falaise sans protection. Lors de son édification la villa était seule sur la colline et possédait donc un terrain immense. Maintenant que tout s'est construit autour, elle a l'air bien seule avec son jardin rikiki sans queue ni tête, sa petite terrasse qui donne sur du vide et son vis à vis de dingue.

C'est fou comme en plusieurs décennies un lieu qui devait être un petit paradis s'est métamorphosé à cause de l'étalement urbain. On dirait vraiment qu'elle a été sacrifiée au profit du quartier.

Je n'ai pas plus d'informations sur son histoire. Son avenir me parait incertain mais elle apparaît sur tous les rendus des promoteurs alentours. Alors peut être qu'elle sera découpée en appartements ?

Sinon, à part ça, le reste du domaine est plutôt classique. Un petit kiosque est présent avec quelques locaux qui servent à entreposer du matériel. Le lieu ayant été investi par tous les chats du quartier, cela nous a valu une belle frayeur lors de notre départ du spot.

Au moment de quitter les lieux, je jette un dernier coup d’œil à la villa et à son portail. Je vois qu'une rose est gravée dans la pierre. Ça ferait un bon nom, n'est-ce pas ?

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