L'asile sur la colline

Juillet 2021



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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Cela faisait belle lurette que je procrastinais à reprendre les mises à jour de mon site. Plusieurs raisons à cela.

Premièrement, j'en ai ma claque du monde de l'urbex et plus particulièrement des vidéastes sur Youtube qui salissent quasiment tous la pratique avec leurs vidéos racoleuses et leurs propos historiques stupides dans l'unique but de générer du clic. Tout ce cirque me  dégoûte d'être assimilé à ce genre de guignols et m'éloigne progressivement de cet univers. How dare you ?

Deuxièmement, je suis pas mal occupé par d'autres projets artistiques et également personnels qui m'obligent à faire des choix sur les priorités du moment.

Enfin, troisièmement, la situation sanitaire ainsi que le prix de l'essence m'incitent plutôt à rester chez moi pour faire des économies où à jouer la carte de la proximité lors des sorties. Problème, j'habite le centre d'une grande ville, ce qui limite donc les possibilités de visiter des villas isolées au milieu de nulle part.

Ceci dit, cela va me permettre de rattraper le temps perdu et de vous détailler cette sortie estivale.

On ne change pas une équipe qui gagne et je retrouve Amélie en ce mois d'été 2021 pour une tournée de checks où même si les lieux ne furent pas tous mémorables, tous ont au moins eu le mérite d'être accessibles ce qui est assez rare pour être souligné.

Nous voilà donc à boire une bière sur une petite colline au milieu des pins. Quelques villas cossues à l'horizon viennent nous rappeler qu'il faudra quand même être aussi vigilants que les voisins. Devant nous se dresse un bâtiment imposant qui se décompose en 5 parties qui témoignent des ajouts successifs au fil des années autour de cette belle bastide typique (en violet sur le plan).



Les différents usages du lieu ne sont pas tous documentés. La seule information est qu'avant d'être fermé, une clinique psychiatrique occupait tout le site. Compte tenue de la configuration, j'imagine que le domaine a pu être une école ou un centre de loisirs mais à l'origine, on devait probablement être sur un établissement religieux ou un lieu de retraite. Le cadre idyllique ainsi qu'une statue du Christ aidant à se projeter sur cette fonction.
D'après les vues aériennes, le domaine est abandonné depuis 2011, date à laquelle plus aucune voiture n'est présente sur le parking et où la végétation semble se densifier. Les piscines, elles, sont vides depuis 2004.

Bien que visible du ciel et se voyant comme le nez au milieu de la figure, je n'ai jamais vu d'autres sets sur les différentes pages urbex de la région.

Curieux, lorsqu'en plus une petite escalade d'un minuscule portail suffit pour rentrer dans le domaine.
En dépit de ses quelques années d'abandon, l'état général est plutôt correct même si quelques détritus ça et là témoignent d'un passage plus ou moins régulier et respectueux.
Nous préférons faire un petit tour avant de nous lancer dans les photos, histoire de bien confirmer que le lieu n'est pas squatté ou surveillé. Pour la forme et tester les réglages de mon appareil, je fais quelques clichés, à commencer par ce qui semble être un petit préau qui mène à des salles d'activités (en rouge sur le plan).



Tout au bout, une piscine hors d'âge envahie par la végétation que je prendrais plus tard.



Nous nous dirigeons vers la demeure principale (en violet). Un Christ avec une main manquante nous accueille. Cette ancienne bastide est sacrément classe. On trouve quelques ordinateurs et bricoles au pied des fenêtres comme si quelqu'un avait trouvé ça drôle de tout balancer par dessus bord (après tout, certains trouvent bien ça drôle de raconter de la merde pour qu'on regarde leurs vidéos sur Youtube).

Pour une raison que nous ignorons, nous ne sommes pas trop rassurés. L'ambiance est bizarre mais je ne saurais pas trop décrire pourquoi. Tout est très calme, figé avec juste ce qu'il faut de traces du temps pour comprendre que le lieu n'est pas habité mais il est suffisamment en état pour nous inquiéter un brin.



Avant de visiter la bastide, petit tour par la villa plus moderne, datant des années 70 (jaune). Je ne fais qu'une photo du salon, vide, mais toutes les autres pièces sont pleines et servaient visiblement à stocker du matériel, des papiers et des ordinateurs. J'imagine qu'il s'agissait d'un petit service administratif avec peut-être un espace de vie pour le gardien. Une partie de la villa étant fermée, je ne pourrais pas confirmer cette idée. Toujours est-il que la maison ne fait pas du tout abandonnée. Pourtant, plusieurs portes sont grandes ouvertes et l'accès à ce salon et à quelques pièces est donc parfaitement aisé.



Retour à la bastide. Nous entrons dans une chambre par une fenêtre ouverte et les feuilles mortes sur lesquelles nous marchons sonnent comme autant d'alarmes qui indiqueraient notre venue à d'éventuels résidents. La chambre est très haute de plafond et devait jadis être une pièce de réception. Les murs sont peints dans un vert plutôt moche et un miroir en forme de bouddha est posé près du lit où personne ne semble avoir dormis officiellement depuis quelques années déjà. Le faux plafond commence à se décoller et une chaise cassée attend à côté d'un petit bureau minimaliste.

À peine entrés, il me semble entendre du bruit, peut être des pas ou une fenêtre qui claque avec le vent ? Dans le doute, je décide seul d'aller jeter un œil rapidement au bout du couloir à la sortie de la chambre. Ce n'est pas très conseillé mais au risque de faire une mauvaise rencontre, je suis toujours plus rassuré de savoir que mon binôme peut donner l'alerte. Mais rien ne semble troubler la lente décadence du domaine. Tout est calme. Je fais signe à Amélie de venir vers moi et nous continuons dans notre idée de tout parcourir rapidement afin de nous assurer que nous sommes bien seuls. Nous traversons donc au pas de course les parties bleues et vertes sur le plan posté plus haut. Certains coins sont dégradés, d'autres tagués ou même brûlés, mais dans l'ensemble tout est en relativement bon état. Les pièces sont quasiment toutes des petites chambres médicalisées avec quelques posters et goodies sur place. Il y aura quelques photos sympa à faire même si je ne suis pas trop fan de ce type d'univers.

Cette clinique est labyrinthique. Toutes les parties annexes rajoutées au fil du temps font qu'il est difficile de s'y retrouver et on se perd rapidement dans les demis étages. Nous arrivons sans trop savoir comment à nouveau dans la bastide principale. Visiblement dans la seule partie qui est restée dans son jus et je décide de prendre une photo de l'escalier et une photo du hall, parce qu'ils sont sacrément stylés.




Lorsque soudain, nous sommes interrompus par des voix que nous avons tous deux entendus. C'est donc maintenant sûr, nous ne sommes pas seuls ici. Retour à la case départ au pas de course en prenant bien soin, au détour de chaque couloirs, de ne pas être suivis ou pris en tenaille.

Il est évident que le lieu n'est pas habité par des propriétaires réguliers. Il est même assez étrange que le lieu soit squatté car il est situé loin de toutes les commodités. Il est aussi improbable que d'autres urbexeurs aient été sur place ce jour là car comme dit plus haut, je n'ai jamais vu d'autres photos de ce domaine et j'ai le sentiment qu'il n'est pas du tout connu.

Ce qui est un peu plus crédible est qu'un gardien passe de temps en temps ou que le terrain appartienne à un habitant d'une villa voisine. En effet, la villa la plus proche est à quelques centaines de mètre et possède un chemin commun à ce domaine.

Amélie et moi avons tous deux tentés d'y retourner à deux moments différents et l'accès a été refermé.

Rien ne semble être prévu pour réhabiliter cet espace qui semble dépérir lentement mais surement.

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