La villa du Monde Nouveau

Février 2020



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.

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Cela faisait quelques mois que je n'avais pas vu Amélie d'AD Urbex. Il faut dire que nos dernières escapades Marseillaises n'avaient pas vraiment été concluantes et à part roder dans la ville, nous n'avions pas réussi à ouvrir la fenêtre du succès. Bizarrement, à Marseille j'ai pas mal de chance quand je suis seul, mais jamais accompagné.
Mais en dépit de cela, nous avons gardé contact. Cette villa nous a gentiment été proposée par Florian, que je n'ai malheureusement pas l'opportunité de voir souvent. Les contacts se font rares mais toujours de qualité !

Le lieu que nous allons visiter ce matin est pour le moins mystérieux, et ce, à plusieurs titres. Il est totalement isolé en plein milieu de la garrigue sans aucune autre habitation à plusieurs kilomètres à la ronde. Ajoutons à cela qu'il n'y a aucune clôture qui délimite la propriété et enfin, pour le côté "cool" de la chose, le lieu a visiblement été un centre de retraite pour une secte mélangeant Hindouisme, Bouddhisme et Christianisme.

C'est après plusieurs heures de route que du fait de cette configuration insolite, nous nous garons plutôt loin et nous allons devoir, pendant plusieurs kilomètres, traverser cette végétation inhospitalière. En effet, la route présente n'est pas du tout carrossée et même avec un 4x4 cela me semble difficile. N'est pas une chèvre des montagnes qui veut. Tout le long de ce petit chemin forestier, nous croisons quelques panneaux "propriété privée / défense d'entrer" mais nous n'y prêtons pas vraiment attention.
Hormis la pluie et le terrain boueux, tout se passe bien jusqu'au moment où nous tombons sur une manade (des taureaux en pseudo liberté pour les nordistes). Croyez-moi, ce n'est pas très rassurant. Et finalement, je réalise à quel point 
Thésée s'est montré courageux d'affronter seul un Minotaure vêtue d'une simple toge. Nous décidons de couper à travers le bois et les herbes hautes. Parce qu'ils sont vraiment très nombreux et se dirigent vers nous tranquillement. Honnêtement, ils n'étaient pas menaçants pour un sou, et devaient uniquement penser que nous leur apportions à manger. Mais quand même.
S'en suit alors un parcours du combattant assez pénible du fait du mauvais temps qui s'abat sur nous mais heureusement, le GPS ne nous a pas trop mal guidé et nous voici après quelques péripéties et branches de genévrier dans les cheveux face à cette villa pour le moins curieuse.



L'atmosphère est bizarre. On ne s'y sent absolument pas en sécurité du fait de toutes les baies vitrées qui ne comprennent pas de volets et qui font que nous sommes à la vue du moindre visiteur ou éventuel propriétaire. D'ailleurs, cela devait être profondément angoissant de passer la nuit seul au milieu de nulle part et me fait penser à l'accroche d'Alien : "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier".
Nous rentrons de la manière la plus simple qui soit mais restons malgré tout sur nos gardes.

À l'intérieur, il est clair que personne n'est passé ici depuis plusieurs années. La poussière s'accumule, les livres sont tous jaunis par le soleil et l'humidité est palpable.
La visite sera vite fait, le lieu est en fait tout petit mais il est intéressant de constater qu'absolument chaque espace a été rentabilisé pour accueillir du monde. Ainsi, des lits sont entreposés partout, y compris dans le couloir. Une petite dizaine de personne pouvait être logée ici.



La plupart des livres et magazines sont tous issus de la même maison d'édition, c'est cela qui me permettra de remonter à l'origine de ce courant de pensée.



À noter que même s'il y a une installation électrique, le lieu ne semblait pas disposer de l'eau courante ni d'un réseau d'assainissement des eaux usées. Ainsi, il y a une cuve à l'extérieur qui semble être dédiée à alimenter la villa en eau et surtout, au niveau des sanitaires, il y a un petit écriteau qui invite les visiteurs à utiliser un petit seau à défaut de chasse.



Cette chambre est un petit peu plus grande que les autres et possède pas mal d'artefacts des anciens habitants, notamment à travers des clichés exposés sur la table de nuit. Par respect pour les anciens propriétaires je ne vais pas mettre les photos de manière visible mais on y trouve la même personne accompagnée de plusieurs "gourous" (à prendre ici au sens de maître spirituel).



On attaque maintenant le salon. Je suis intrigué par une veste assez récente posée sur une chaise de la cuisine mais en dehors de cela, on respire toujours cette bonne odeur propre à l'abandon. On notera quelques dessins du symbole Sanskri Om̐ (son sens diverge, mais en gros, il s'agirait d'un son universel structurant l'univers, considéré comme la vérité absolue).







À l'étage, uniquement accessible par l'extérieur, la plupart des portes sont fermées. Toutefois, nous pouvons noter la présence d'une grande salle de prière, si l'on en croit les tapis posés au sol. Aucun article religieux n'est visible ici. Comme tant d'endroits, on dirait qu'une rénovation a été entamée, puis abandonnée après coup. J'imagine aussi la difficulté de faire venir les matériaux jusqu'à bon port. Toutefois, quelques planches ont l'air très récentes.



Je suis un petit peu embêté pour détailler l'histoire du courant spirituel associé à ce lieu pour la simple et bonne raison qu'il est considéré comme une secte depuis les années 1990 et est donc répertorié comme il se doit par la Miviludes.
À titre personnel, même si je respecte sincèrement toutes les religions, il ne faut pas se voiler la face (aucune référence à Mélanie Georgiades), lorsque l'on regarde les textes et les pratiquants, il n'y a pas de différences fondamentales entre nos religions historiques et fondatrices et ces mouvements dits sectaires qui tiennent plus de la philosophie new-age et tentent d'organiser la vie quotidienne des adeptes. On pourra rétorquer qu'il est en théorie plus facile de quitter ou de changer de religion que de secte. Mais rappelons que le blasphème est punissable d'emprisonnement dans quelques pays répartis sur tous les continent de la planète et que le crime d'apostasie est encore puni de mort dans quelques pays d'Afrique, du Moyen-Orient ou d'Asie.
Ce n'est pas une mince affaire que de vouloir sauver le monde. Chacun y va de son dogme et de sa rigueur alors que Superman n'avait besoin que d'un pyjama.

Mais pour rester dans les clous de la bienséance, je ne vais pas donner le nom du courant de pensée dont il est question ici.

Les bases ont été posées dès la première moitié des années 1900 par un Européen qui a eu la volonté de pendre les enseignements de la religion Catholique de la manière la plus authentique pour les lier à quelques préceptes Bouddhistes et Hindous. Le tout, entouré d'une aura de bien être et d'unicité avec la nature et les éléments (végétarisme oblige).

Dans cette optique, ce maître spirituel a ainsi encouragé ses adeptes à former des communautés un peu partout en Europe. Chaque membre était donc fortement encouragé a créer de véritables lieux de vie, isolé de toute civilisation, afin de réunir les membres pour des retraites initiatiques.
C'est probablement ce qu'a été un jour ce lieu car toutes les références trouvées sur place convergent vers cette mouvance.

Aujourd'hui, la secte existe toujours et est encore active, y compris dans la région mais il semblerait que certains chakras se soient refermés.

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